Témoignage de Nathalie Delaby - Peintre décorateur - Formateur à l’Institut du Patrimoine Wallon 16, rue Saint Martin à B 5354 Jallet (0495/50 76 18 - enduitspatines@skynet.be)
C’est à l’Institut Supérieur Van Der Kelen de faux bois et faux marbre que tout commence en 1995, pour se poursuivre à Venise, plus précisément en son centre de formation de San Servolo, grâce à
une bourse obtenue par la Fondation Roi Baudouin.
Je maîtrisais l’imitation de la matière en peinture, mais je m’intéressais aux techniques italiennes de marmorinos, où l’imitation de marbre «a fresco» se fait sur un enduit de chaux
grasse.
J’ai assisté à d’autres stages de perfectionnement sur la chaux en Italie et en Belgique, la chaux n’était pas encore “tendance” et je ne connaissais aucun ‘ancien’ artisan pour m’aider dans
l’élaboration des mélanges. En 99, lors d’un chantier de restauration d’un château, je rencontre Boris Van Mullem, plafonneur. Après avoir essayé des mélanges prêts à l’emploi qui ne s’adaptaient
pas forcément à la grande variété des supports rencontrés, nous avons élaboré nous-mêmes nos mélanges car il fallait s’adapter aux bâtiments et à leur milieu.
Nous nous sommes alors équipés en machines à projeter, pour faciliter et régulariser la mise en œuvre, mais également pour pouvoir réaliser des chantiers de plus grande envergure. Ce matériel
nous a aussi permis de proposer des enduits sains et décoratifs, à des prix compétitifs. Notre succès est certainement dû à la fin de l’ère des patines, et sur le plan de la décoration au retour
à la Nature, au Bio et à la Matière.
Si on (re)parle de plus en plus de la chaux dans les projets de rénovation du patrimoine et de décoration, et que l’on trouve dans le commerce toutes sortes de produits à base de chaux -même dans
les rayons des magasins de bricolage-, nous constatons que ces produits ne sont parfois que des ersatz, et que la main du professionnel est et restera incontournable. Dans le monde de la
restauration, l’intérêt du retour aux techniques et aux recettes anciennes a été démontré à maintes reprises, ainsi que leur parfaite adéquation avec le travail sur supports anciens.
L’expérience acquise sur chantier me permet de transmettre ma passion au sein du centre de formation de la Paix Dieu –IPW- (Institut du Patrimoine Wallon) à Amay, dans le cadre de classes d’éveil
aux métiers du patrimoine, classes destinées à de jeunes adolescents, ainsi qu’à un public d’adultes - professionnels ou non - qui veulent découvrir ou redécouvrir la chaux et ses multiples
possibilités.